Actualisé le 31:05:2023 09:10

Avis scientifiques
Méthanisation - Qu'en est-il réellement ?
Le CSNM et le GREFFE nous informent


En réponse aux documents de l'ADEME
et du Ministère de la Transition Ecologique
(voir ci-contre)
La méthanisation agricole ne répond pas aux enjeux prioritaires de l’énergie, de l’environnement et de l’agriculture
Jean-Pierre JOUANY Directeur de recherche honoraire INRAE
Vice-président de l’association GREFFE Membre du CSNM
La méthanisation est un processus biologique par lequel un écosystème microbien complexe transforme les matières organiques en méthane, en l’absence stricte d’oxygène. Cette opération se déroule naturellement dans les sédiments, les marais, les rizières, les océans, les décharges, le fumier, ainsi que dans le tube digestif de certains animaux (herbivores en particulier) et insectes (termites, cafards...). Les biotechnologues ont pu « domestiquer » ce processus naturel au sein de digesteurs anaérobies alimentés de matières organiques d’origine diverses dans le but de produire du méthane à des fins énergétiques.
Quelques contrevérités soutenues par les lobbys de l’énergie et plusieurs organismes institutionnels
1. Les déchets ne peuvent pas constituer une source énergétique efficiente. Le potentiel méthanogène (BMP en anglais) d’un substrat organique, exprimé en m3 de CH
par tonne de matière brute, définit la quantité de méthane produit durant le processus de méthanisation. Les valeurs de BMP sont très différentes entre substrats, les plus élevées correspondant aux substrats les plus riches en énergie fermentescible (huiles végétales, céréales) tandis que les plus faibles caractérisent les substrats contenant peu d’énergie fermentescible (lisiers, déchets cellulosiques agricoles).
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Les déchets agricoles ne sont pas de bonnes sources organiques pour la méthanisation. La recherche d’efficacité dans la production de CH4 impose l’utilisation de sources à haute valeur énergétique qui sont habituellement destinées à l’alimentation humaine et animale, d’où l’apparition d’une concurrence pour les 2 usages avec, comme conséquences, une augmentation de leur coût et des risques de pénurie alimentaire à moyen terme.
2. La méthanisation émet 3 fois plus de gaz à effet de serre (GES) que le gaz naturel pour produire la même énergie. J’ai effectué le calcul des émissions de GES de chaque étape du cycle de vie d’une unité de méthanisation produisant 410.000 m3 de méthane injectés par an. L’unité est alimentée, chaque jour, par 50 tonnes de matières brutes composées de lisier de bovin, de CIVE et d’ensilage de maïs, ce dernier ingrédient représentant 15 % de l’approvisionnement brut total conformément à la réglementation française. Le détail des calculs est présenté dans le document 6 du Livret de la méthanisation agricole sur le site internet de l’association GREFFE (http://groupe-greffe.wix.com/groupe-greffe).
Etape 1 - Conception, construction, installation, entretien du site : 5 kg CO2eq/MWh
Etape 2 - Culture, récolte, transport du maïs et préparation de l'ensilage : 77 kg CO2eq/MWh
Etape 3 - Collecte, introduction de lisier dans le digesteur : 0 kg CO2eq/MWh
Etape 4 - Fonctionnement du digesteur (chauffage, agitation, pompes) : 20 kg CO2eq/MWh
Etape 5 - Fuites de biogaz et de biométhane : 245 kg CO2eq/MWh
Etape 6 - Purification du biogaz en biométhane : 20 kg CO2eq/MWh
Etape 7 - Collecte et stockage des données, contrôle des produits, torchère : 3 kg CO2eq/MWh
Etape 8 - Arrêt accidentel des digesteurs et remise en route : 3 kg CO2eq/MWh
Etape 9 - Arrêt définitif en fin de vie de l'installation : 5 kg CO2eq/MWh
Etape 10 - Combustion finale du biométhane : 327 kg CO2eq/MWh
Total : 705 kg CO2eq/MWh
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Il faut noter ici l’aspect imposant de la différence entre notre valeur (705 kg CO2eq/MWh) et celles de l’ADEME (23,4 et 44,1 kg CO2eq/MWh). [voir ces valeurs de l’ADEME dans le document https://bilans- l’ADEME (23,4 et 44,1 kg COeq/MWh).
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Cette différence s'explique principalement par le fait (i)- que l'étape de combustion du biométhane n'a pas été comptabilisé par l'ADEME au prétexte qu'il s'agit de CO2 dit "biogénique" (issu des plantes introduites dans le méthaniseur qui photosynthèsent le CO2 atmosphérique, (ii)- que le niveau des fuites de biogaz a été sous-évalué, (iii)- que l'étape 2 (culture des intrants) n'a pas été comptabilisé au prétexte que ces cultures existent avant l'implantation du méthaniseur, ce qui est faux. Le point (i) sera discuté dans le § "c" qui suit.
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La comparaison de ces données avec celle du gaz naturel qui émet 227 kg CO2eq/MWh [voir dans le document de l’ADEME https://bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?gaz.htm], aboutit à des conclusions totalement opposées : (i)- Selon mes calculs, la méthanisation émet 3 fois plus de CO2eq que le gaz naturel. (ii)- Selon l’ADEME, la méthanisation émet 5 fois moins de CO2eq que le gaz naturel. Comment arbitrer entre ces 2 positions (voir le § « c » qui suit) ?
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12 janvier 2023
Méthode pour la réalisation des bilans d’émissions de gaz à effet de serre conformément à l’article L. 229-25 du code de l’environnement
(juillet 2022)
Utilisation de l’argument de "neutralité carbone" février 2022)
La méthanisation agricole ne répond pas aux objectifs de la loi de transition énergétique de 2015
La production de biométhane à partir de cultures agricoles dédiées conduit à un bilan négatif au niveau des rejets de CO2 et de l’énergie, fournit des fertilisants de qualité médiocre et peut placer les agriculteurs en situation financière délicate
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Commentaires sur l'article paru dans Web-agri et intitulé : "Méthanisation : Sabine Houot (Inrae) rétablit les vérités quant à l'impact du digestat dans le sol".
Réponses à quelques questions relatives
à la méthanisation, l'agriculture et l'agronomie
Le Collectif Scientifique National Méthanisation (CSNM)
et le GREFFE nous apportent ci dessous une autre réalité.
Alors que le Sénat doit rendre un rapport sur la méthanisation (octobre 2021), qu'en sera-t-il de la politique actuelle ?
A ce sujet, nous ne pouvons que déplorer la non-audition des associations et collectifs (plus de 200 à ce jour) ou de leurs représentants.
Lot.
Renforcer l'Observatoire scientifique sur la méthanisation en créant un 7ème atelier
Il s'agit de mesurer l'incidence possible des épandages de digestat sur les abeilles, la microfaune du sol, la qualité des eaux souterraines et celle de l'air (les odeurs)...
Où l'on apprend également que
l’Allemagne fait marche arrière sur la méthanisation